Kinshasa, le 15 novembre 2023 (caritasdev.cd) : La trentaine révolue, Elisée B. est une femme déplacée suite à la crise du Plateau des Bateke (Province de Kinshasa) et Kwamouth (dans la Province de Mai-Ndombe). Elle a fui les atrocités perpétrées dans le village Yosso, dans le cadre d’un conflit intercommunautaire entre les Teke et les Yaka. Selon ses dires, la maison du « Capita » du village dans laquelle elle résidait avait été attaquée, dimanche 07 mai 2023 vers 04H00, par des hommes armés, qu’elle a présentés comme « Mobondo ». Elle a perdu cette nuit-là plusieurs membres de sa famille, dont son enfant de 2 ans et demi.

Elle-même a reçu plusieurs coups de machette à la tête. Heureusement, elle avait pu réussir à passer sous les pieds des assaillants pour s’enfuir. Quittant la zone des combats, elle a pu être évacuée par véhicule jusqu’à un hôpital proche. Elle est depuis lors déplacée à Mbankana, Quartier de la Commune de Maluku, situé à 145 Kms du centre-ville de Kinshasa, où elle vit difficilement avec son bébé. Elle résume ci-après le calvaire qu’elle a subi.

 Mme Elisée B. a été parmi les bénéficiaires de la réponse humanitaire aux communautés vulnérables affectées par cette crise, apportée mardi 07 novembre 2023, par Caritas International Belgique, Caritas Congo Asbl et la Diaconie de l’Archidiocèse de Kinshasa, avec l’appui financier de l’Union Européenne.

 Une attaque meurtrière en pleine nuit au village Yosso

« Je viens de Yosso. Nous sommes en déplacement ici à Mbankana, après avoir fui des atrocités et bénéficié de l’accueil de plusieurs familles.  En fait, les « Mobondo » ont attaqué notre village. C’était vers 04 heures du matin, alors que nous dormions. Ils ont commencé par jeter du sable sur la toiture de la maison du « Capita » où nous nous trouvions, en nous sommant de sortir.

Ils ont commencé à taper fortement sur la porte, en détruisant les paillottes et hangars de la parcelle. Nous nous sommes mis à crier. ' Ne criez pas ; vous mourrez tous dans cette maison ; personne n’en sortira vivant', ont-ils menacé.

Finalement, ils ont fini par casser la porte. Ils sont entrés dans la maison... Ils ont tué certains membres de ma famille... (Ndlr : encore traumatisée par les atrocités qu’elle a subies, Mme Elisée avait de la peine à donner plus de détails à ce niveau). J’ai essayé de me sauver par la fenêtre, mais j’ai été rattrapée par un assaillant avec qui j’ai commencé à me battre.... Finalement, j’ai pris le courage de me glisser sous les pieds des assaillants et me suis retrouvée dehors, a-t-elle ajouté après un souffle. Bref, nous autres, Dieu nous a épargnés.

Ils m’ont gravement blessée à la machette et ont tué mon enfant

  Mais, nous avons pris beaucoup de coups de couteaux et de machettes. Nous avons été gravement blessés ; néanmoins, nous avons survécu. Nous avons pu être évacués vers l’hôpital par véhicule, grâce à une équipe envoyée à notre rencontre. C’est là que l’on m’a soignée et fait ces points de sutures sur le front... Nous nous efforçons désormais de vivre, malgré nos souffrances et difficultés diverses.

Ces évènements ont affecté gravement la vie de ma famille. Ils m’ont gravement blessée à la machette et ont tué mon enfant de 2 ans et demi. Il était parmi les membres de ma famille que j’ai perdus cette nuit-là.

Dans ma douleur, je remercie Caritas et ses autres Organisations partenaires pour l’aide qu’ils nous apportent aujourd’hui. C’est sûr que cette assistance va soulager ma situation.  En effet, l’argent ainsi que les biens ménagers reçus tombent à pic, car nous avons tout perdu lors de ces attaques.

Nous vivons dans la souffrance. Que les Autorités publiques compétentes et Organisations humanitaires nous viennent en aide. Mon cri de cœur et que la paix revienne dans nos villages pour que nous reprenions nos activités agricoles et commerciales habituelles.

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Propos recueillis par Guy-Marin Kamandji